Ma mère, oh ma mère


Ma mère, oh ma mère !
Vous qui gardez ma porte,
Si je ne me garde pas,
Vous ne me garderez.

On dit que c'est écrit
Et avec raison,
Que la privation
Ouvre l'appétit ;
L'amour enfermé
Croît à l'infini.
Ainsi mieux vaut
Ne pas m'enfermer ;
Si je ne me garde pas,
Vous ne me garderez.

Madre, la mi madre

Madre, la mi madre,
Guardas me ponéis ;
Que si yo no me guardo,
No me guardaréis.

Dicen que está escrito,
Y con gran razón,
Ser la privación
Causa de apetito ;
Crece en infinito
Encerrado amor.
Por eso es mejor
Que no me encerréis ;
Que si yo me guardo
No me guardaréis.


Miguel De Cervantes (1547-1616)



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